Abdoulaye Ba, SG de Asc Dahra : « Les clubs de Louga versent toujours dans la provocation »

Leader de la poule B du national 2, Asc Dahra a été défaite ce dimanche par Dekeundo, au stade Alboury Ndiaye, dans le cadre de la 12ème journée. Une pilule difficile à avaler pour Dahrois pour des « faits extra-sportifs.

En effet, avant le match, les joueurs de Dahra auraient été obligés de s’échauffer dehors parce que la porte des vestiaires menant dans la main courante leur a été fermée. Un comportement qui a outré le secrétaire général de l’Asc Dahra, Abdoulaye Ba qui a filmé la scène pour les dénoncer. Ainsi, il a été joint par RECORD. Il a évoqué cette épineuse affaire.

Ce week-end, vous étiez l’auteur d’une vidéo dénonçant une pratique une injustice que votre club a subie au stade Alboury Ndiaye de Louga, pouvez-vous revenir sur cette histoire ?

Effectivement, cette vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux. C’est une preuve qui illustre mes dires. Et pourtant, elle n’est que la partie visible de l’iceberg. C’est toujours le même problème que les clubs de l’intérieur confrontent quand ils se déplacent à la capitale régionale. Ce manque de respect notoire et cette stratégie consistant à vouloir réduire à néant les efforts des autres est inélégante et inacceptable.

Le stade Alboury Ndiaye de Louga est un vrai purgatoire pour les clubs de Linguère et Kébemer. Les clubs de Louga sont coutumiers des faits. Ils versent toujours dans la provocation et dans la violence. Nous devrions jouer contre l’Asc Dekeundo, un match comptant pour le championnat national 2. Quand nous sommes venus au stade avec notre délégation, ils nous ont bloqués à la porte pendant une trentaine de minutes avant de nous laisser entrer. Il y a eu même quelques heurts là-bas.

C’était à quel moment exactement ?

C’était juste après la présentation des deux équipes, le temps que nos joueurs se préparent pour l’échauffement, dans les vestiaires, nous avons constaté que le portail qui mène vers la main courante nous était fermé sans aucune explication, au moment où l’équipe adverse était sur la pelouse en train de s’échauffer tranquillement. Personnellement, en tant qu’administratif, j’ai pris langue avec le délégué qui lui aussi n’avait pas d’explications claires à me fournir. Il était impuissant face à la situation. Et j’espère qu’il va le mentionner dans son rapport. Ceci étant fait, nous étions donc obligés de sortir du hall de derrière pour nous échauffer. Ils ont rouvert le portail à 17h 07 mn alors que le match devrait démarrer à 17h.

C’est la première fois que vous vivez une pareille situation… ?

Non. La dernière fois contre l’ASC Penc, c’était aussi comme ça. Ils avaient caillassé nos véhicules, nous avaient jeté des pierres et des sachets d’eau sur notre banc de touche. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre, sinon le pire pouvait se produire. Nous prenons en témoin toute la communauté sportive et tous les dirigeants du football. Nous interpellons directement le président de la ligue, le président de la fédération et le ministre des Sports. Trop, c’est trop.

Je vous assure que nous ferons tout ce qui est de notre pouvoir, dans le respect strict des textes qui régissent le football Amateur, pour que cela ne se reproduise plus. Je pense que ces comportements doivent être bannis de nos stades. Si le sport ne nous réunit plus, mieux vaut transformer les stades en champs de patates. Ce qui est le plus déplorable dans tout ça, c’est que ce sont des vieux de la cinquantaine qui attisent le feu en se bandant les muscles amortis comme des gamins de quinze ans.

Est-ce qu’il n’est pas mieux de privilégier le dialogue ?

Nous sommes ouverts aux dialogues, mais il est temps que ces gens-là comprennent qu’en matière de sport, seul le travail paie. Le meilleur joueur du Sénégal nous vient de Bambali. Qui l’eut cru ? L’ASC Dahra n’est pas un petit club. Elle est affiliée à la fédération depuis 1967. Elle fait partie des doyennes du Sénégal. La jeunesse de Dahra a toujours vibré au rythme du sport. Vouloir anéantir tous ces efforts consentis reviendrait à pulvériser l’héritage de plusieurs générations.

Vous avez donné votre version, mais la partie Lougatoise soutient que c’est l’Asc Dahra qui a allumé le feu en mal traitant Penci lors de son déplacement à Dahra. Que répondez-vous ?

Ce sont des accusations gratuites, infondées. Et je juge que c’est très maladroit comme excuse pour justifier leur acte ignoble. Ils sont malheureusement en train de s’enfoncer davantage sans s’en rendre compte. Qui s’explique s’accuse dit l’adage. Ils n’ont qu’à apporter des preuves comme nous l’avons fait avec des vidéos authentiques. Même si leur accusation était vraie, était-ce vraiment la meilleure réponse à donner ?

À Louga, tout comme à Dahra, n’est-il pas mieux de dépassionner les débats ?

À domicile comme à l’extérieur, nos supporters sont toujours plus nombreux dans les stades. Je vous ai dit tout à l’heure que nos supporters viennent en masse partout où nous jouons et Dieu sait qu’on peut répondre, mais notre président, étant un homme de lois, ne cesse de les calmer. Et attention notre patience a des limites. Vous me parlez de Penc mais en quoi ce club était-il concerné si on sait que l’Asc Dahra jouait avec l’Asc Dekendo ? Est-ce qu’une telle réponse ne justifie pas donc nos doutes consistant à croire que les clubs de la capitale s’insurgent contre les clubs de Linguère et Kébemer ? Je trouve que c’est très léger comme argument. Vous pouvez mener votre propre enquête à Linguère ou Kébemer. Ils vous diront la même chose.

Parlons de l’Asc Dahra. Vous êtes leader de votre poule. Après quelques années difficiles, vous semblez être sur la bonne voie pour revenir dans l’élite. Qu’est-ce qui explique ces résultats positifs ?

L’ASC Dahra a connu les beaux jours de l’élite du football sénégalais (ligue 1), l’entendre à ce niveau (national 2) peut susciter naturellement des interrogations. Les explications sont nombreuses, mais nous n’allons pas nous attarder sur ça, car ce qui est fait est déjà fait. Les populations de Dahra éprouvent aujourd’hui le besoin de retrouver le plus rapidement possible le championnat professionnel. C’est pourquoi elles ont misé sur la jeunesse en donnant les rênes du club à un tout nouveau bureau composé de jeunes sportifs qui ont pratiquement tous joué dans le club et qui comprennent relativement les rouages du football sénégalais. Nous avons tous l’ambition d’écrire notre propre histoire dans les plus belles pages du livre d’or de l’ASC Dahra, avec de l’encre indélébile. On est à notre premier mandat et nous sommes sur la bonne voie, l’espoir est vraiment permis.

L’objectif, c’est la montée. Qu’est-ce que pourrait nuire le projet selon vous ?

« Notre objectif est la montée en national 1, nous sommes donc dans l’obligation de garder jalousement notre position. Ce qui pourrait nuire le projet, c’est la pression qui pèse sur le club. Nous jouons toujours sous pression, mais on est conscient que celle-ci doit être gérée si nous voulons finir champions. Le parcours d’un champion n’est jamais facile. Le staff technique et les joueurs comprennent mieux que nous les enjeux.

Est-ce que le club sent l’engouement de la population derrière ?

Ça saute à l’œil. Combien de supporters de clubs amateurs suivent leur équipe partout où elle se déplace avec un bus totalement rempli et 5 particuliers au minimum, à leurs frais ? Il y a des lustres que nous n’avons pas senti cet engagement patriotique de la population envers l’Asc Dahra. Ceci témoigne tout simplement de la bonne politique des dirigeants. Nous sommes adeptes d’une gestion participative, inclusive, transparente, efficace, efficiente et très sincère qui bannit toute coloration politique au sein du club. Nous vivons tous pour l’équipe et personne ne vit sur l’équipe. Les dahroises et dahrois ont foi en nous donc nous n’avons pas le droit de les décevoir.

Financièrement, est-ce que le club est bien assis pour atteindre ses objectifs ?

Le club est dirigé par de simples fonctionnaires et commerçants, le président est un adjudant de police. Vous comprendrez vite que nous n’avons pas un grand bailleur. L’équipe survit grâce à la cotisation des membres du bureau estimée à cent mille francs (100.000 F) par membre, par saison, à la participation des Dahrois et aux subventions. Vous n’êtes pas sans savoir que c’est insuffisant comparé aux dépenses qui nous attendent, mais alhamdoulilah, grâce à nos stratégies et à certains partenaires, nous parvenons quand même à gérer match après match.

Source: RECORD