Né en 1973 à Linguère, Talla Mangane a tiré sa révérence le 1er novembre passé dans sa ville natale. Âgé de 48 ans, il a accompli de grandes choses, surtout dans son domaine de prédilection qu’est le football.

Passé par les Onze Diables du Ballon (ODB) de Linguère, Manko de Dahra, Asc Dahra en Ligue 2, Lamossasse de Diourbel, Asc Djolof de Linguère, Penci mi de Linguère et enfin ODB dont il était le président jusqu’à sa mort. Talla Mangane était une personne généreuse, témoignent ses anciens amis et coéquipiers. TerrainAfrik a recueilli les témoignages de Amédine Sidibé, Gallo Mboré et Pape Kandji. Ceux-là décrivent un Talla Mangane exceptionnel.

AMÉDINE SIDIBÉ, ANCIEN COÉQUIPIER DE TALLA MANGANE À L’ASC DAHRA

« Il avait le talent pour jouer en équipe nationale, en Europe »

« Je suivais Talla Mangane lorsque j’étais jeune. À cette époque, c’est la Jeunesse Amicale de Linguère (JAL) qui existait. Il était tellement talentueux. Il aimait Djolof, il aimait le football. Il avait une grande vision du jeu. Il pouvait replacer tous les joueurs dans le terrain à partir de sa position. Il avait le talent pour jouer en équipe nationale, en Europe. C’est le football Linguerois qui est compliqué, mais il pouvait bien réussir sa carrière en Europe. J’ai rencontré plusieurs joueurs durant ma carrière, mais je n’ai jamais vu un footballeur comme Talla Mangane. Linguère a perdu un grand joueur, un sportif hors pair. Il peut te déposséder du ballon sans commettre une faute. C’est une personne géniale qui est partie. Il n’admettait pas que deux personnes se fâchent. Ils essayaient toujours de recoller les morceaux. Je prie pour lui. Que son âme repose en paix. »

GALLO MBORÉ, ANCIEN COÉQUIPIER DE TALLA MANGANE

« J’ai perdu un ami, une personne simple et courtoise »

« Vous venez de m’interpeller sur une question qui me tient très à cœur. D’abord, je prie pour le repos en paix de l’âme du défunt Talla Mangane. C’était un ami. On a partagé beaucoup de choses ensemble pendant plusieurs années. Il est toujours souriant. Depuis Linguère jusqu’à Dahra, on était toujours ensemble. J’ai perdu un ami, une personne simple et courtoise. C’était un conseiller. Il me prodiguait toujours des conseils utiles. Que Dieu l’accueil dans son paradis. On a joué ensemble pendant plusieurs années et il n’a jamais changé de visage. Il est resté le même. On a perdu un homme de valeur. Le monde sportif a perdu une grande personne. Nous étions des complices dans le terrain. Nous avions des codes dans le terrain. Il me poussait à me surpasser dans le terrain à chaque fois. Je ne le remercierai jamais assez. Que Dieu ait pitié de son âme. »

PAPE KANDJI, ANCIEN COÉQUIPIER À L’ASC ODB

« Talla Mangane, le meilleur libero de sa génération »

« J’ai connu Momar Talla Mangane depuis toujours si je peux m’exprimer ainsi, car je l’ai vu évoluer, depuis ma tendre enfance aux côtés de ses amis Jean Mar, Alboury Thiobane, Mamadou Dieye et feu Basse Ndiaye. Je ne l’ai jamais vu s’embrouiller avec quelqu’un. Au contraire, son sens de la diplomatie lui a permis de tisser avec tout le monde des relations saines au point que chacun pensait qu’il était l’ami privilégié. Les quelques années qu’on a partagées ensemble à l’ASC ODB (Onze Diables du Ballon) en tant joueurs m’ont permis de découvrir d’autres facettes de sa personnalité. Il aimait le sport en général et le football en particulier et savait manier le ballon rond d’une façon digne d’un athlète de haut niveau.

Il a débuté sa carrière de football à l’ASC ODB dès le début des années 90 dans la catégorie cadette et y a évolué en catégorie junior, senior jusque vers les années 2010, avec quelques détours sur Dahra à l’Asc Manko et sur Bambey avec l’équipe de la division régionale. Au niveau de Linguère, aussi, il a joué dans l’équipe communale Jeunesse Amicale de Linguère (JAL) avec les meilleurs joueurs Djibeyrou Ba, Mbaye Seck, feus Assane Fall et Abdou Mbacké Poumane. Son poste de prédilection était libéro, mais Talla était un joueur polyvalent. Il était toujours physiquement au top et son intelligence dans le jeu faisait de lui, l’un des meilleurs liberos de Linguère, sinon le meilleur de sa génération.

Il savait encourager ses coéquipiers et les rectifiait d’une façon tellement bienveillante et dans un style humoristique que lui seul savait faire à tel point que ces derniers ne se sentent pas frustrés et sa capacité de lecture du jeu lui permettait d’anticiper les intentions de ses adversaires et d’exploiter leurs failles ou d’enrayer les dangers pour son équipe. Avec lui dans l’axe, j’étais rassuré et c’est le même sentiment qu’il a témoigné à mon égard. Nous avons subi des déceptions quelques rares fois, mais également nous avons eu à savourer des victoires ensemble et soulever des trophées au profit de l’Asc ODB qu’il n’a jamais cessé de porter dans son cœur et dont il était le président depuis 2020 jusqu’à ce jour fatidique du lundi 1er octobre 2021 où il tira sa révérence.

Nous lui rendons un vibrant hommage pour toute cette belle œuvre qu’il a réalisée. Un « diambar » s’en est allé. Paix à son âme. Côté anecdotes : nous étions en regroupement pour jouer une finale contre l’Asc Marbath. Alors que nous nous apprêtions à prendre le dernier bain avant d’aller au stade, le chargé du mystique nous fit savoir que nous devions le faire ensemble tous nos… Sur ce Talla dit : « Les plus jeunes sont avertis, interdit d’ouvrir les yeux… » Alors un jeune coéquipier lança dans un air taquin » ban gëmm dañuy xool de… ». Et Talla de répliquer : « En tout cas ku ci am bët bu daamakoli sa affaire la… » Et ce qui a surtout fait rire les gens, c’est le mot daamakoli parce que beaucoup ne savaient pas. Il expliqua alors que c’est avoir l’œil tuméfié. Que firdawsi soit sa demeure éternelle. »