Linguère : Ibou Dabo retrace sa carrière de A à Z

Ibou Dabo

TerrainAfrik était cette semaine à Linguère, occasion pour nous de rendre visite, Ibrahima Dabo, plus connu sous le nom d’Ibou Dabo. L’Inspecteur départemental des Sports nous a accueilli dans son bureau, jeudi passé, pour cet entretien.

Et nous avons évoqué sa carrière, sa fonction d’Inspecteur, l’Asc Djolof, JOC et la semaine de la jeunesse que Linguère accueillait le week-end passé. La longueur de l’échange nous pousse à publier la première partie de l’entretien. Lors de cette première partie, nous évoquons sa carrière, ses souvenirs, Asc Ferlo, la rivalité entre Deggo.

Première partie de l’entretien

Pouvez-vous vous présenter aux internautes de TerrainAfrik ?

Je m’appelle Ibrahima Daba. Je suis né et j’ai grandi à Linguère. J’avais quitté la ville pendant quelques années pour aller à Dakar avant de revenir. Je suis un enseignant de fonction, mais depuis 2016, j’occupe le poste de l’Inspecteur départemental des Sports de Linguère.

Qu’est-ce qui avait motivé votre départ de Linguère ?

Ce sont les études. À Linguère, j’y ai fait que le CI et le CP. Après, je suis parti à Dakar où j’ai fait le CM1. Après, je suis parti au Campement Nguékhokh de 1986 jusqu’à 1991. J’ai eu mon entrée en 6e à Nguékhokh. Et c’est à la suite de cela que je suis retourné à Guédiawaye où j’ai fait la 6e jusqu’à la classe de 4e. Après Guédiawaye, j’ai déménagé à Sébikotane en 1992 jusqu’à 1993. Je quittais Sebikotane le matin pour aller étudier à Rufisque, au Lycée Abdoulaye Sadji. J’ai fait la 3e là-bas. Et la 2nd à la Place Gabars, une place emblématique à Rufisque. Je suis revenu au Lycée Abdoulaye Sadji pour faire la 1er et la Terminale. Mais je n’ai pas eu le BAC. Je suis fier de le dire. J’aimais beaucoup les études. Mais après trois mois d’étude, en Terminale, mon père est tombé malade. Et il n’y avait personne dans la maison pour l’assister. C’est ainsi que j’ai arrêté mes études pour être à ses côtés. Et je ne l’ai pas regretté. Car j’ai eu sa bénédiction. Il m’avait dit que je n’allais pas être faussé après son décès. Un an après son décès, j’ai réussi l’examen d’EFI. Ce qui m’a le plus marqué lors de cet examen, c’est que j’étais assis entre un maitrisard et un licencié qui ont échoué. Je suis également venu en retard. J’ai démarré à 8h 45.

Je suis venu en retard parce que mon enfant venait de naître et sa mère s’occupait des tâches ménagères. Donc, je me suis occupé du bébé le temps que sa mère termine. Et c’est à cause de cela que j’ai commis ce retard. C’est un enseignant qui m’a annoncé ma réussite. C’était un vendredi, je venais de finir le Khadra et il m’a dit félicitations. Je lui réponds pourquoi ? Il me réplique que j’ai réussi l’examen. Donc, de 2002 à 2016, je l’ai passé dans les salles de classe.

Venons-en à votre carrière de footballeur. Comment le virus du foot vous a attrapé ?

Je ne suis jamais passé dans une école de football. Le football était un don chez moi. J’ai également vécu dans une famille de sportifs. Mes grands-frères étaient de grands joueurs. Mon père était aussi un JA man. Il quittait Linguère pour aller suivre les matchs de la JA à Dakar. Si c’était aujourd’hui, j’allais être milliards grâce au foot. Je sais que savais jouer au foot.

Dans quelle équipe vous avez démarré votre carrière ?

J’ai démarré ma carrière en tant que cadet à Ferlo. D’ailleurs, je n’ai jamais connu une autre équipe que Ferlo. Les réunions de l’Asc se tenaient dans notre maison. Et c’est nous qui rangions les chaises après. Du coup, cet amour envers Ferlo s’est ancré dans mon cœur. Au départ, l’équipe s’appelait Benfica. Mon père était le président et c’est par la suite que le nom a été changé pour devenir Ferlo. Mais j’ai joué aussi les UASSU. De 1986 à 1991, j’étais à Nguékhokh et j’ai joué un peu partout dans cette zone : Nguérigne Bambara, Nguérigne Sérère, Mbour. Lorsque nous descendions de la voiture, les Lébbous me guettaient. S’ils ne me voyaient pas, ils jubilaient en disant que le « Petit » n’est pas venu. Ils changent de visage dès qu’ils me voient apparaître.

Ibou Dabo L’idée de rejoindre un centre de formation ne vous est jamais traversée l’esprit ?

J’ai failli rejoindre le centre Aldo Gentina. L’objectif des UASSU, c’était la détection des talents. En 1990, lors de finale : Campement Nguékhokh-Fissel Mbadan, j’étais le capitaine et nous avons remporté la finale par 4 buts à 1. Et j’avais inscrit les 3 buts. Le staff d’Aldo Gentina était sur place. Ils ont adressé une lettre d’autorisation parentale à mon père pour que je rejoigne le centre à la fin des vacances. Mais mon père a décliné leur offre en estimant que je devais poursuivre mes études. C’était la promotion des Victoire Diagne.

Ibou Dabo Votre palmarès en cadet ?

J’ai gagné beaucoup de trophées en tant que cadet. J’ai remporté la coupe zonale, départementale, régionale. J’ai même joué les phases nationales à Ziguinchor en 1992 et à Thiès en 1989 ou 1990. Je me rappelle de notre match à Amadou Barry contre Ceddo 80, une équipe très redoutable qui battait tout le monde sur son passage. Le stade était en gazon, nous étions habitués au sable. Nous portions des chaussures plastiques et des bottes en bleus qui étaient en vogue à l’époque. Pour les protège-tibias, nous mettions nos sandales. Mais tout Guédiawaye était étonné de nous voir jouer. Et on a remporté le match.

Et en senior ?

J’ai monté en sénior en 1993 et j’ai arrêté en 2008, l’année où je me suis cassé le bras. En senior également, j’ai remporté beaucoup de trophées. Ce qui m’a le plus marqué en senior, c’est notre match contre HLM de Kébémer. C’étaient les phases régionales. Amédine Sidibé (ancien international des années 2.000 ndl) a fait un centre, j’ai enchaîne une reprise demi-volée. Un joli but. Un des policiers, a couru jusqu’à moi pour me féliciter. Il y avait également un modou-modou qui a descendu pour m’offrir des chaussures à crampons de marque Adidas. Les chaussures étaient pour son neveu, mais il était tellement content qu’il me les a données. J’ai tellement d’anecdotes. Nous étions redoutables. Nos adversaires ne dormaient pas à l’approche des matchs.

Nous ne pouvons pas finir ce sujet, sans évoquer la rivalité entre Ferlo et Deggo. Qu’est-ce qui explique cette rivalité ?

L’explication, c’est que les fondateurs de Deggo jouaient à l’Asc Ferlo. Comme ils étaient parfois mis sur le banc, ils ont fini par claquer la porte. Et c’est ainsi qu’ils ont décidé de créer leur propre équipe dénommée Deggo.

La victoire et la défaite que vous n’oublieriez jamais contre Deggo ?

La victoire que je n’oublierai jamais, c’est lorsque « Bignouléne dooré bagnou sakhi ». Nous venions des phases régionales et nous préparions les phases nationales. Ferlo avait une grande équipe. Et contre Deggo, les buts pleuvaient comme pas possible. Il a fallu que le frère d’Aziz Diagne, Ada Diagne enlève les poteaux corners pour interrompre le match. La défaite que je n’oublierai jamais, c’est lorsqu’ils nous avaient battu et par la suite passer devant chez moi, en chantonnant « Gneupeuy gnaam ». Le lendemain, mon fils avait repris la chanson et je l’ai menacé pour le faire taire.

On ne peut pas parler de Ferlo sans penser à Madou Ndiaye, Assane Thiam et Diouma Top… ?

Je vais débuter sur Madou. Son père était un policier. Il habitait dans le camp et la proximité a fait qu’il a choisi Ferlo. Il a joué sous la bannière de Benfica avant la naissance de Ferlo. Après, il a hérité du poste de coach. C’est un fin management. Il peut gérer tous les tempéraments. Il use du théâtre pour dire ses vérités. Et ça passe facilement. Pour Assane Thiam et Diouma Top, ce sont mes jeunes frères. Ce sont également de grands talents. Ils auraient pu réussir dans le football. Ils avaient le talent pour ça.

Vous n’avez pas de regret sur Diouma Top ?

Si (il le répète). J’ai beaucoup de regret pour Diouma. Car je sais qu’il avait les capacités et le talent pour devenir un international. Je regarde les joueurs de l’équipe nationale actuellement, et je me dis que Diouma était plus forts qu’eux. Il était rapide, costaud et ambivalent. Mais c’est son destin. Dieu avait écrit qu’il n’allait pas connaître la carrière que j’attendais de lui.

Assane Walo GUEYE

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