Aliou Cissé sur son histoire à Lille : « Je vais devenir joueur professionnel et tu le verras » !

Aliou Cissé

Aliou Cissé, ambassadeur national de l’UNICEF, était l’invité de la 2e édition de « Sous l’arbre à palabre ». Un moment d’échanges de l’organisation sur le thème « Le pouvoir du Sport pour la paix et le développement ». Occasion pour le sélectionneur national et ancien joueur de prodiguer des conseils aux jeunes sur le développement personnel. 

Le natif de Ziguinchor s’est confié sur son enfance. « J’ai eu la chance très tôt de savoir ce que je voulais et je sais que cela n’est pas évident pour beaucoup. J’étais un jeune assez turbulent qui passait son temps à se battre. Très jeune, j’aimais la justice et je me bagarrais le plus pour les autres. Je m’affirmais déjà, avec beaucoup de caractère. Il fallait tout le temps me calmer. »

Plusieurs thèmes ont été abordés lors de cette rencontre qui s’est déroulée à Guédiawaye dont l’importance des études. Occasion pour l’ancien joueur de Birmingham City et Porstmouth de partager son expérience. « Quand mes parents me parlaient je disais que l’école ne m’intéressait pas. Je veux devenir footballeur professionnel. À un certain moment, mon père m’a dit c’est ça que tu veux je te suis. Mais, j’ai eu de la chance, beaucoup de chance. J’ai été blessé, opéré de la cheville et je suis revenu. Je n’ai pas arrêté ma carrière. Mais il y en a combien de ma génération, qui ont dû l’arrêter parce qu’ils ont eu des blessures ou l’institution où nous sommes a dit qu’ils ne seront pas professionnels. »

‘’Au moment où je dois signer mon contrat professionnel, le directeur sportif me dit ‘Aliou, tu ne seras pas footballeur professionnel’’

Cette situation, lui-même l’a vécue. Aliou Cissé a failli ne pas devenir professionnel. Le meilleur entraîneur Africain des CAF Awards 2022 raconte cette histoire qu’il a vécue à ses débuts de carrière en tant que joueur. « Je vais vous raconter une anecdote qui est très importante et je le dis aux jeunes. Je suis arrivée à Lille au centre de formation, j’avais 13 ans. Il faut savoir que je ne suis pas parti en France pour jouer au football mais c’est avec mes parents qui sont allés là-bas pour immigrer.

Moi, j’étais en Casamance heureux et ce sont mes parents qui sont venus me kidnapper (rires). Au bout de deux ans, ils se sont rendus compte que les clubs sont venus leur dire que votre fils joue bien au foot et il a une possibilité d’embrasser une carrière de footballeur. Mon père n’était pas d’accord avec cela, ma mère aussi. Il voulait que je continue mes études, que je sois avocat. A force de les convaincre, mon père m’a dit vas-y. Je continuais mes études et en même temps je faisais du football.

Et à un certain moment, j’ai signé aspirant (un contrat en préformation), j’ai été apprenti-footballeur, j’ai été stagiaire 1, stagiaire 2, 3. Et au moment où je dois signer mon contrat professionnel, il y a le directeur sportif qui m’appelle et il me dit ‘Aliou, cela fait 8 ans que tu es avec nous mais je dois te dire que tu ne seras pas footballeur professionnel. C’est dire ton rêve tu l’oublies parce que tu n’as pas le niveau.’ Dis-moi que je ne serai pas un professionnel à Lille, mais je vais devenir joueur professionnel et tu le verras. »

Mais il était dit qu’il deviendrait un homme connu à travers le football, cela, en tant que joueur puis entraîneur. Aliou Cissé a enchaîné les signatures, en plus de Lille, il compte 7 autres clubs européens dans son palmarès. « Un an après, je suis prêté à Sedan. C’est là où je rencontre Bruno Metsu. Lui et moi, cela ne date pas d’aujourd’hui. Il était à Lille et a un moment, il est parti à Sedan. Il s’est rappelé qu’il y a un jeune joueur dans le centre de formation et il m’a fait venir à Sedan. Donc, après l’annonce du directeur sportif, il s’est passé un an et demi.

Puis, j’ai signé un contrat de 4 ans et demi au PSG. Entre celui qui te dit tu n’y arriveras jamais et tu n’es pas assez bon, j’ai envie de dire soyez équilibrés les enfants. C’est son avis à lui mais il n’est ni Dieu ni prophète. Croyez-en vous ! Ce qui est important est de faire tout ce qu’il y à faire pour atteindre ses objectifs ». De précieux conseils qu’il a partagés. Le technicien lance ainsi un appel aux jeunes à garder leur détermination et à se battre pour leur rêve.

‘’Je voulais faire partie de ces gens-là qui écriront l’histoire’’

Aliou Cissé est revenu aussi sur son parcours entre sa carrière de joueur et d’entraîneur qui lui ont permis aujourd’hui d’être le seul technicien sénégalais à jouer une finale de la CAN et à la gagner en tant qu’entraîneur.  « Tout seul, je ne peux pas gagner une coupe d’Afrique. La preuve pour ceux qui sont un peu vieux, j’ai empêché peut-être le Sénégal de la gagner en 2002 en ratant ce pénalty. Ce qu’il faut regarder c’est ce qui s’est passé entre le 13 février 2002 et le 6 février 2022. A partir de là, vous pouvez comprendre un petit peu mon parcours. C’est un parcours qui a été long, décidé, parce que je voulais faire partie de ces gens-là qui écriront l’histoire ».

Il ajoute : « Je me rappelle à la fin de cette finale en 2002, un de mes coéquipiers est venu me consoler dans ma chambre. C’était Salif Diao d’ailleurs. Et je lui ai dit à l’époque je ne sais pas comment ni quand, je ne sais pas si c’est en tant que joueur, dirigeant ou entraîneur mais une chose est sûre, je ferai tout pour faire partie de ces gens qui ramèneront la première coupe au Sénégal ».

Au soir du 6 février 2021, le drapeau sur lui, Aliou Cissépleurait au stade d’Olembe mais ce jour-là, c’étaient des larmes de bonheur pour l’homme aux rastas. « C’est un défi, la persévérance, la résilience. C’est d’avoir des objectifs et se dire coute que coute on peut y arriver. Et seul, cela ne suffira pas. Il faut contaminer l’entourage pour que chacun puisse à un moment donné s’accaparer de ce rêve, de cette mentalité et œuvrer tous les jours pour l’atteindre » a déclaré Aliou Cissé qui a félicité les joueurs et les autorités qui mettent les moyens nécessaires pour le football de haut niveau. Rappelant que c’est un long processus qui a commencé en 2012.

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